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Nouvelle session de cours d'épigraphie égyptienne en novembre 2013
Cônes parfumés

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De Béatrice Egémar
2004-05-06
 
Bonjour,

J'aimerais avoir des détails sur les cônes que l'on voit sur certaines peintures, sur la tête des personnages, par exemple dans la tombe de Sennedjem. Je pensais qu'il s'agissait de cônes de graisse parfumée qui fondaient progressivement pour imprégner la chevelure, mais cette explication semble contestée. Avez vous une autre interprétation de ces images? s'agit il d'un symbole rituel?
Merci!

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De Chris Gueuning
2004-05-08
 
Bonjour, Egemar !

Voici ce que dit Joyce Tyldesley ("les Femmes dans l'ancienne Egypte") à propos de ces cônes: "Nombre d'onguents s'appliquaient sur la chevelure après le shampoing, afin de la protéger de l'effet desséchant du climat. Au Nouvel Empire se développa une mode plutôt énigmatique à nos yeux: celle des cônes parfumés posés en équilibre précaire sur la tête. Ces coiffes d'un genre particulier, que l'on arborait lors des festivités, étaient faites de suif imprégné de myrrhe; en fondant sous la chaleur, elles libéraient d'agréables senteurs et dégoulinaient sur les cheveux et le visage en un mince filet de cire. Un serviteur se chargeait de les remplacer à mesure qu'elles s'amenuisaient. Cadeaux du maître de maison à ses invités et aux domestiques, ces cônes de graisse semblent avoir été de mise à chaque banquet si l'on en juge par les scènes ornant les tombes. Ils sont représentés comme des masses blanchâtres sillonnées de coulées brunes sans doute à l'origine des taches de même couleur maculant le haut des vêtements. Mais aucun de ces ornements d'un genre particulier n'a jamais été retrouvé, et il est difficile d'expliquer leur rôle exact dans le déroulement des réjouissances." Mais cette opinion n'est pas générale. Voici par exemple, ce qu'en dit Lynn Meskell ("Vies privées des Egyptiens. Nouvel Empire 1539-1075): "On s'est beaucop demandé s'il était agréable ou même faisable de porter au sommet d'une perruque un gros morceau de parfum gras qui fond. Cherpion (1994) suggère que ces cônes à onguent ainsi représentés ne renvoient sans doute pas à une pratique réelle, mais n'en exclut pas totalement la possibilité. Il est plus vraisemblable qu'ils représentent le concept d'arôme, avec toute sa signification symbolique. L'usage d'onguents parfumés garantissait en particulier une bonne vie et, quand ils étaient représentés avec le mort, ces produits exotiques suggéraient une vie luxueuse dans l'au-delà. Bruyère (1926) fut l'un des premiers scientifiques à s'interroger sur l'usage réel des cônes d'onguent, affirmant que ce n'était qu'un symbole métaphorique signifiant que le défunt était béni et mis au nombre des justes, pour souligner les possibilités de résurrection." Christiane Desroches-Noblecourt parle également de ces cônes ("La Femme au temps des Pharaons") et surtout, cite un texte poétique qui y fait allusion: "[Voici] un vêtement blanc, Du baume pour tes épaules, Des guirlandes pour ton cou, [Remplis ton] nez de santé et de joie; [Sur ta tête] mets des parfums [...] Passe un jour de fête" " Je te laisse voir ma beauté Dans une tunique de lin royal le plus fin, Imprégnée d'essences balsamiques, Et trempée d'huile parfumée." "Si je pouvais, seulement, être son blanchisseur ! Seulement durant un simple mois ! Alors mon bonheur serait de laver les huiles De moringa [qui imprègnent] son vêtement diaphane ! " A mon humble avis, ces textes poétiques semblent indiquer que les cônes parfumés ont pu être réellement utilisés. D'autres auteurs comme Aude Gros de Beler ou Zahi Hawass ont la même opinion. Voilà, j'espère t'avoir un peu aidée.

Cordialement.

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De Hugues Perdriaud
2004-05-08
 
Bonjour,

Un élément de réponse à votre question: les cônes ne devaient pas
véritablement fondre comme cela a pu être écrit. Les perruques étant des
parures coûteuses on imagine mal prendre le risque de les abîmer au contact
répété d'une matière graisseuse ou cireuse, même si ces dernières pouvaient
servir de protection efficace contre les piqûres de moustiques (la graisse
étant encore utilisées dans certains pays d'Afrique et d'Asie en baumes pour
se prémunir des insectes).
A titre personnel je pense que l'usage de ces cônes (à défaut de pouvoir
vous proposer leur composition) répondait à une forme de mode, en vogue chez
les notables des dynasties 18 à 20 peut être comparable aux colliers de
fleurs qu'on vous offre quand vous vous êtes invités dans une demeure en
Inde ou en Polynésie. Cela pouvait également correspondre à un rituel social
de bienvenue.

 

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18/08/2004
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