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Nouvelle session de cours d'épigraphie égyptienne en novembre 2013
Amarna : une autre crise religieuse?

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De Raymond Monfort
2004-05-02
 
Dans un article du BSFE, Jean Yoyotte développait en octobre 1949 cette analyse :

"Le principe de cette politique (celle d'Amenhotep III) que l'on peut discerner, semble-t-il, dès Toutankhamon sera de favoriser autant que possible le dieu solaire d'Héliopolis et Ptah de Memphis; pareille ligne de conduite sera adoptée par Séti Ier et Ramsès II, les grands rois de la XIXème dynastie, auxquels il appartiendra d'apaiser les conflits de culte portés au paroxysme par l'initiative d'Akhenaton, mais encore aigus au temps d'Horemheb: le martelage des figures des dieux thébains sur des bas-reliefs héliopolitains paraît prouver qu'après sa mort; une violente réaction contre l'emprise amonienne se manifesta au sein du clergé du dieu solaire et que l'avènement de Ramsès Ier - auquel au bout d'un an succéda Séti Ier - mit fin à une nouvelle crise religieuse.

Et de donner en référence le Cours de Montet au Collège de France (ASAE 18, 205-206).

Quel est votre avis? Claude Vandersleyen ne l'aborde pas dans la Nouvelle Clio I.

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De Renaud de Spens
2004-05-07
 
Aujourd'hui, on fait remonter l'intérêt royal pour l'idéologie
héliopolitaine dès Thoutmosis IV (cf. notamment les travaux de Betsy
Bryan).

Personnellement, je me demande si la lutte contre une supposée "emprise"
amonienne est la seule raison de ce néo-héliopolitanisme. A lire les travaux
récents sur la royauté égyptienne (voir notamment le volume édité par David
O'Connor et David Silverman), il semblerait que ce que recherchent Thoutmosis
IV, Amenhotep III, et surtout Akhénaton, c'est une forme de restauration de
ce qu'ils s'imaginent de la toute puissance royale de l'Ancien Empire (tout
commence peut-être par la fascination de Thoutmosis IV pour le grand sphinx
et les pyramides de Gizeh, où il aime se promener). Bien que nous n'en ayons
aujourd'hui presque aucune trace, certains tenants de cette idéologie ont
probablement survécus à Akhénaton, et il est possible qu'ils aient gardé une
certaine influence, en échange de l'abandon de leurs idées les plus
extrémistes.

Il est en tout les cas clair que Séthy Ier entend se poser comme le
fondateur d'une nouvelle ère, se proclamant comme le "renouvelleur des
naissances" dans son nom d'Horus.

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De Benoît Lurson
2004-05-07
 
Je suis assez d'accord avec Renaud en ce qui concerne la fascination des
thoutmosides pour l'Ancien Empire. Je viens en effet de terminer la
publication très intéressante de la chaussée montante du complexe pyramidale
d'Ounas et j'ai vraiment été frappé par la grande ressemblance entre
certaines scènes de cette chaussée (qui, de surcroît, s'inscrivent dans un
répertoire commun aussi aux autres chaussées montantes de l'Ancien Empire)
et celles qui montrent la cour rassemblée et prosternée autour d'Akhenaton.
Je pense qu'il serait très intéressant de voir plus en détail si ces
compositions d'Ancien Empire ont pu inspirer les artistes d'Akhenaton.

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De Jean-Frédéric Brunet
2004-05-15
 
Bonjours à tous!

Merci pour cette belle discussion!

Benoît Lurson a écrit:
> Je suis assez d'accord avec Renaud en ce qui concerne la fascination des
> thoutmosides pour l'Ancien Empire. [...] la chaussée montante du
> complexe pyramidale d'Ounas et j'ai vraiment été frappé par la grande
> ressemblance entre certaines scènes de cette chaussée [...]



La comparaison proposée par Benoît entre les scènes de la
chaussée d'Unas et celles de la cours d'Akhénaton m'a
rappelé une stèle étrange du Sérapeum de Memphis. Le
cartouche royal sur cette stèle est en mauvais état, mais
le site de la découverte indique certainement qu'elle
date de la fin de la XVIIIe dynastie. Mariette était
convaincu que le nom royal était "Téti", comme celui
du successeur d'Ounas.

Dans un article paru dans KMT en 1995 (volume 6(1)), Aidan
Dodson affirme qu'il ne s'agit pas d'un "nouveau" roi de cette
dynastie (comme l'avait proposé Mariette), mais simplement
une référence à ce roi déifié. Une telle référence, soutient
Dodson, n'est pas isolée et au moins 8 autres monuments
du Nouvel Empire mentionnent aussi Téti.

De telles attestations d'anciens rois viennent, elles
aussi, (il me semble) appuyer la thèse de la fascination
des derniers Thotmosides pour l'Ancien Empire ainsi que
l'origine essentiellement politique des réformes
d'Akhénaton.

Bonne fin de semaine à tous.

 

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18/08/2004
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