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Nouvelle session de cours d'épigraphie égyptienne en novembre 2013
Mythe de la destruction de l'humanité

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De Mélina Dessoles
2004-04-20
 
Bonjour,

Je recherche une version de la Destruction de l'humanité qui me permettrait
de connaître le mythe un peu plus que superficiellement.

Cordialement.

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De Chris Gueuning
2004-04-22
 
Bonjour, Melina,

Voici ce que j'ai trouvé dans "Mythes et Dieux". Isabelle Franco.p117...

...l'univers pourrait retourner au néant par la volonté de son créateur.
C'est en tout cas ce que l'on comprend d'un passage du chapitre 175 du Livre
des Morts qui demeure ambigu, d'autant qu'on ne lui connaît pas
d'équivalent. Dans ce texte, le défunt assimilé à Osiris questionne le
démiurge:

" Qu'est-ce que ma durée de vie?" dit-il.
" Tu es destiné aux millions de millions (d'années), une durée de vie de
millions (d'années)...mais je détruirai tout ce que j'ai créé. Cette terre
reviendra à l'état de Noun et à l'état d'Infini comme (était) son premier
état. Je suis celui qui restera avec Osiris quand j'aurai accompli mes
transformations en d'autres serpents que les hommes ne pourront connaître et
que les dieux ne pourront voir."

En dehors de son originalité propre, le texte pose quelques difficultés de
traduction, mais le passage qui nous intéresse demeure clair: Atoum déclare
qu'il renverra au néant ce qu'il a engendré. Il n'est plus question ici d'un
état chaotique passager de l'Egypte, mais bien de la disparition du Cosmos.
L'univers redeviendra ce qu'il était avant la "Première Fois"; il retournera
au Noun et au non-fini. Paradoxalement, le défunt Osiris, lui, devrait
connaître la vie éternelle, à moins que le retour au non-créé advienne après
les millions d'années promis, laps de temps incommensurable dans
l'expression égyptienne.
Notons toutefois que cette destruction du monde, telle que l'envisage le
démiurge, ne semble pas totalement irréversible, puisque Atoum ne prévoit
pas son propre anéantissemnt. Au contraire même, il déclare devoir demeurer
et ce, en compagnie d'Osiris. La forme que va adopter le dieu à la fin des
temps est celle du serpent - ou d'une anguille -, créature ambiguë, qui
participe à la fois du monde formel et de l'incréé. Cela suggère que si
l'univers dans son état actuel doit un jour retourner au néant,
l'éventualité d'une seconde création n'est pas exclue puisque le démiurge
subsistera.Osiris représente à la fois la fin du cycle terrestre tel qu'il
se manifeste dans le monde visible et le point de départ d'une nouvelle
existence dans une autre dimension. Ce passage d'un état à l'autre n'est
rendu possible que par le potentiel vital et créateur incarné par Atoum ....

J'espère t'avoir un peu aidée.

Cordialement.

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De Chris Gueuning
2004-04-22
 
Bonsoir, Melina,

Voici un complément d'informations.

Mais avant tout, je voudrais implorer le pardon de Renaud de Spens car j'ai
vu qu'il a dû convertir mon message en texte brut. Or, j'avais bien
sélectionné ce mode dans mon Outlook Express. A l'avenir, je vérifierai
aussi à la fin du message si le format est maintenu.

Dans leur livre "Les dieux égyptiens", Dimitri Meeks et Christine
Favard-Meeks évoquent aussi cette destruction du monde et voici ce qu'ils
disent p 28....

//...Mais puisque l'Océan Primordial n'en finit pas de menacer la création,
puisque le démiurge n'est atteint par aucune contrainte, la fin du monde ne
serait-elle pas, quoi que l'on fasse, inéluctable? Elle est, en tout cas,
prédite:
" Le Pélican prédira, l'Eclatant se manifestera, le Grand se dressera et
l'Ennéade se mettra à crier; la plaine sera endiguée, les deux extrêmités
seront réunies, les deux rives se rejoindront, les routes deviendront
impraticables aux voyageurs et les pentes seront détruites pour ceux qui
veulent s'en aller."
..... Est-ce à direque le chaos finira par vaincre, ou bien que le démiurge
se lassera? //
La référence pour cette citation est Pyr.,§278-279.

Ils citent également le dialogue entre le démiurge et Osiris, extrait du
Livre des Morts (cf mon précédent message), et font ce commentaire:

//...Ainsi les morts, comme les dieux eux-mêmes ont une durée de vie limitée
et n'ont d'autre espoir que de se fondre, un jour, dans celui-là même qui
les représente tous. Dans un monde revenu à son état initial; le démiurge
ayant repris la forme d'un serpent s'assoupira dans l'Océan.Bien que les
momies des dieux révolus doivent demeurer, nous dit-on "des centaines de
milliers d'années", on leur attribue une durée chiffrée et donc une fin.
Nous voilà donc ramenés au serpent qui résume en lui les autres, véritable
forme du démiurge incréé et dans lequel le chaos, comme les forces de la
vie, sont intimement mêlés....Ce serpent qui assure le flux et le reflux de
la crue en un mouvement périodique bien réglé, dont la tête repose sur la
queue, nous propose une issue à la fin du monde....Or, le serpent qui se
mord la queue, l'Ouroboros des Grecs, est le symbole même de l'éternité et,
surtout, du continuel rajeunissement du temps qui "repasse là où il a
commencé", comme le dit Claudien. On peut donc espérer qu'après s'être
endormi dans l'Océan Primordial, le démiurge s'éveillera encore pour donner
naissance à un monde nouveau, dont on voudra croire qu'il sera meilleur. Les
Egyptiens concevaient l'éternité sous une forme duelle, constituée qu'elle
était pour eux d'une durée linéaire et d'une durée cyclique, la première
évoquant le passé, la seconde l'avenir...Le monde s'achève et renaît donc en
une boucle sans fin selon un rythme semblable à une immense respiration
cosmique et où chacune des grandes périodes ne serait, pour le démiurge,
qu'un jour qui passe.//

Cordialement.

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De Benoît Lurson
2004-04-23
 
Bonjour Melina,
Voici un peu de bibliographie sur le sujet:

De CÉNIVAL Françoise, Le mythe de l¹‘il du soleil. Translittération et
traduction avec commentaire philologique (Demotische Studien 9;
Sommerhausen, 1988).
DESROCHES NOBLECOURT Christiane, Amours et fureurs de La Lointaine. Clés
pour la compréhension de symboles égyptiens (Paris, 1995).
FRANCO Isabelle, Mythes et dieux. Le souffle du soleil (Paris, 1996).
GUILHOU Nadine, La vieillesse des dieux (Orientalia Monspeliensia V;
Montpellier, 1989).
GUILHOU Nadine, ³Un nouveau fragment du Livre de la Vache céleste², Bulletin
de l¹Institut Français d¹Archéologie Oientale 98 (Le Caire; 1998), 197-213.
HORNUNG Erik, Der Ägyptische Mythos von der Himmelskuh. Eine Ätiologie des
Unvollkommenen. Unter Mitarbeit von Andreas Brodbeck, Hermann Schlögl und
Elisabeth Staehelin, und mit einem Beitrag von Gerhard Fecht (Orbis Biblicus
et Orientalis 46; Fribourg-Göttingen, 1982).
INCONNU-BOCQUILLON Danielle, Le mythe de la Déesse Lointaine à Philae
(Bibliothèque d¹étude 132; Le Caire, 2001).
MAYSTRE Charles, ³Le Livre de la Vache du ciel dans les tombeaux de la
Vallée des Rois², Bulletin de l¹Institut Français d¹Archéologie Oientale 40
(Le Caire; 1941), 53-115.
PIANKOFF Alexandre, Egyptian Religious Texts and Representations, Volume 2.
The Shrines of Tut-ankh-Amon. Edited by N. Rambova. 2 volumes (text and
plates) (Bollingen Series XL, 2; New York, 1955).
SAUNERON Serge et YOYOTTE Jean, ³La naissance du monde selon l¹Égypte
Ancienne², in La naissance du monde (Sources orientales 1; Paris, 1959),
17-91.

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De Raymond Monfort
2004-04-23
 
Bonsoir Melina,

Vous trouverez le texte hiéroglyphique et traductions en trois langues sur mon site:

http://sethy1.free.fr/vache.html

 

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19/08/2004
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