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Nouvelle session de cours d'épigraphie égyptienne en novembre 2013
Tombes populaires

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De Sylvie Griffon
2004-01-25
 
Bonjour à tous,

Une question qui titille ma curiosité : tout le monde connaît les nécropoles
royales, les cimetières de nobles à Thèbes, Saqqarah et ailleurs. Mais
a-t-on retrouvé suffisamment de tombes de citoyens "lambda" (de la période
pharaonique) pour les étudier sous l'angle de la paléopathologie, de
l'histoire du peuplement etc., un peu comme ce qui se fait sur le site
prédynastique d'Adaïma ? Avez-vous des références bibliographiques ?

Bon dimanche.

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De Thierry Benderitter
2004-01-25
 
La question de Sylvie est fort pertinente. M'intéressant aux tombes et
mastabas, je me suis bien sûr moi aussi posé la question .
Car on ne peut qu'être surpris par le nombre ridiculement faible de
sépultures bâties qu'on a retrouvé pour la longue histoire pharaonique.
Prenons l'exemple de Thèbes: quelques centaines de tombes civiles pour des
siècles pendant lesquels la ville a un statut de capitale religieuse.

Que sont devenus les gens des classes basses et moyennes, du paysan au
scribouillard, du soldat à son capitaine?

Force est de reconnaitre que ce sujet ne semble pas avoir passionné les
égyptologues, et les références sont plutôt rares, ou en tout cas peu
diffusées.
Pour autant que je sache, les inhumations se faisaient directement en terre,
le plus souvent sans momification, ou avec une momification minime.Les morts
étaient entourés de quelques objets quotidien dépendant de leur statut. Des
cimetierres de gens des classes moyennes ont été retrouvés un peu partout,
notamment à Thèbes.
Quant au paysan, l'immense masse de la population, il semble bien que la
plupart étaient mis dans de petites fosses près du désert, roulés parfois
dans une natte.

Il y certainement eu des variations selon les époques, et on dit partout
qu'à Basse époque on "momifiait à tour de bras" et il est exact que des
milliers de momies ont été retrouvées par exemple dans les tombes
réemployées de Saqqara. Par contre il est peu probable que le paysan, dont
le sort ne semble pas s'être amélioré au cours des siècles -au contraire- en
ait fait partie.

Un débat très intéressant est ouvert.

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De Vincent Laisney
2004-01-25
 
Bonjour,

Stephan Seidlmayer a étudié ce point particulier dans ses travaux sur les
cimetières:

p.ex. Gräberfelder aus dem Übergang vom Alten zum Mittleren Reich (SAGA 1)
ou Qau und Matmar.

Il en est de même des études de Petrie ou des cimetières de Beni Hassan ou
Elephantine.

Seidlmayer a pu déduire en raison de la proportion des hommes, des femmes et
des enfants qu'au début de Moyen empire les villes se sont développées et que
beaucoup de personnes ont quitté la campagne pour vivre en ville.

Cordialement.

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De Renaud de Spens
2004-01-25
 
Il faut rajouter comme information au débat que le nombre de tombes ne
reflète pas le nombre d'inhumations en Egypte. Il y a quelques jours, Hanane
Gaber me faisait visiter une des tombes qu'elle fouille à Deir el-Medineh,
et il est clair que de nombreux caveaux de particuliers sont conçus pour
abriter toute une famille. Cela serait même une des vocations de la présence
et de la mention des parents du défunts sur les scènes. La construction et
la décoration d'une tombe est une dépense importante qui profite à plusieurs
génération, et maintient pour l'éternité le nom de celui qui en a pris
l'initiative.

La momification, quoique chère, était probablement accessible aux classes
moyennes supérieures (artisans d'Etat qualifiés, petits scribes et petit
clergé, commerçants, militaires vétérans).

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De Hugues Perdriaud
2004-01-25
 
Bonjour,
pour répondre en partie à votre question, au moins pour la période fin Basse
époque-début époque Grecque, les inhumations pouvaient avoir lieu dans des
"loculi" (niches) creusées dans les parois rocheuses. Les corps étaient
sommairement momifiés, c'est à dire enveloppés juste dans des linceuls ou
des bandelettes plus ou moins élaborées, sans préparation sophistiquée.
Je suis tombé par hasard, en m'inspirant des indications d'un ami égyptien,
en 1999, sur un "gisement" d'ossements humains éparpillés au pied de loculi
creusés dans un gros rocher en plein désert au sud-est de l'oasis de Siwa.
Ces ossements blanchis et épars étaient accompagnés de fragments de
bandelettes, dont certains présentant des noeuds. Le vent avait du dégager
le lieu en déplaçant le sable qui le recouvrait. On sait que le
développement de cette partie de l'oasis a pris de l'ampleur à la Basse
époque et durant la période hellénistique puis romaine. Il faut croire que
ce genre de "découverte" fortuite n'est pas exceptionnelle dans la région vu
le peu d'étonnement qu'elle suscite auprès de la population locale.
Par ailleurs, toujours à Siwa même, et pour la même époque grosso modo, vous
avez le fameux "Gebel Mawta" qui est truffé de cavités funéraires plus ou
moins élaborées. Cette colline rocheuse servait en effet de nécropole.
Je vous renvoie à Aufrère/Golvin/Goyon, L'Egypte restituée, éd. errance,
tome 2, p.160 concernant cette nécropole.

Bien à vous.

 

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19/08/2004
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