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Amon-Rê roi des dieux
 

(Amen, Ammon) « le caché ».


La chair d'Amon est encore bleue sur les murs de la salle hypostyle de Karnak

La première mention du dieu Amon se trouve dans les textes des Pyramides (§446, 1540 et 1712), où il apparaît avec sa parèdre Amonet. Il appartient à la fameuse Ogdoade d'Hermopolis. Cependant, la question de son origine géographique est encore disputée.

Le dieu des rois et des humbles

Son culte ne prend son essor qu'à la XIe dynastie. Il devient le dieu dynastique par excellence, à la fois enraciné dans la région thébaine, au lieu saint de Karnak, et universellement représenté en Egypte, assimilé à Rê sous sa forme d'Amon-Rê roi des dieux (Amonrasonther).

Il est presque toujours représenté sous la forme d'un homme portant une couronne à hautes plumes. Peu présent dans les mythes et les contes, c'est un dieu très conceptuel, une forme d'incarnation divine de la royauté. La propagande royale le présente le père du roi à travers la théogamie, ainsi que le montrent le scènes du temple d'Hatshepsout à Deir el-Bahari. Comme à l'Ancien Empire avec Rê ou Horus, mais peut-être plus encore, le culte rendu à Amon-Rê est d'abord conçu pour exalter la royauté. C'est de lui que le roi tient sa légitimité au Nouvel Empire.

Cela explique toute l'importance du clergé d'Amon-Rê, notamment du grand prêtre, à la tête du vaste domaine d'Amon. Certes, il est normalement nommé par le roi. Toutefois, les généalogies font apparaître une tendance à l'hérédité des fonctions. C'est peut-être en réaction à cette aristocratie sacerdotale qu'Amenhotep IV effectue sa révolution religieuse pour devenir Akhénaton. Il entend éradiquer le culte d'Amon au profit d'Aton, le disque solaire. Akhénaton se réapproprie ainsi sa légitimité en inventant un culte encore plus centré autour de la personne royale. La nouvelle religion ne survit pas beaucoup à son fondateur, et le culte d'Amon et des autres dieux est restauré par Toutankhamon.


C'est une allée de criosphinx (lions à tête de béliers) qui accueille le visiteur à l'embarcadère du temple de Karnak.

Cependant, le caractère éminemment royal du dieu ne fait pas que servir la monarchie. La religion populaire l'assimile, et les fidèles adressent leur prières à Amon comme un recours ultime et parfait des turpitudes de ce monde. Amon est « celui qui écoute les prières », le « vizir des pauvres » qui juge en toute équité et ne se laisse pas corrompre. Piété personnelle et justice oraculaire se développent au cours du Nouvel Empire et de la XXIe dynastie.

Amon est aussi le dieu du vent, et les bateliers l'invoquent. Son nom est souvent inscrit sur le gouvernail des navires.

Il est « l'unique », qui a créé les dieux, les hommes et toutes choses dans les temps primordiaux. Il assimile les cosmogonies memphites, héliopolitaines et hermopolitaines pour s'affirmer en démiurge parfait et universel.

A Thèbes, Amon-Rê est la divinité principale du fameux temple de Karnak, le plus vaste sanctuaire de l'Egypte ancienne, constamment agrandi par les pharaons du Nouvel Empire à l'époque Lagide. Son avatar Amon d'Opet est le seigneur du temple de Louqsor (Ipet-Résit, « le harem du Sud »).

L'animal d'Amon est le bélier. Le grand dieu n'échappe pas au syncrétisme caractéristique de la religion égyptienne, et peut prendre les attributs d'autres dieux, comme Ptah, ou plus souvent Min. A Thèbes, son épouse est Mout et son fils Khonsou.

Bibliographie

Lexicon der Ägyptologie.


Liens

Prière adressée à Amon (présentée par M. Guay).
Eugène Grébaut, Hymne à Ammon-Ra: des papyrus égyptiens du Musée du Boulaq, Paris, 1874 (numérisation BNF).
Amen (Amon) and Amen-Ra, King of the Gods, and the Triad of Thebes (numérisation BNF).

Images

Lexicon der Ägyptologie.

 

9/10/01- 21/01/02 © Renaud de Spens.