THESE

Laetitia Gallet

Le Temple dit "de l'Est" dans l'enceinte d'Amon-Rê à Karnak

Résumé

De dimensions modestes et oeuvre tardive dans le règne Ramsès II, le temple dit "de l'est" dans l'enceinte d'Amon-Rê à Karnak n'en est pas moins un monument de grand intérêt. Sa localisation à l'extrémité orientale du domaine d'Amon - proche de la zone qui livre actuellement de multiples renseignements sur les cultes osiriens - sa position dos au grand temple et son orientation opposée, son édification au pied d'un obélisque unique antérieur devenu son sanctuaire, les aménagements ptolémaïques, enfin et surtout sa vocation officielle d'écoute des prières du Nouvel Empire à l'époque de Ptolémée VIII en font un édifice tout à fait singulier.

Le temple fut partiellement dégagé en 1906-1907 par G. Legrain, le soubassement de son obélisque unique l'a été en 1950 et cette découverte seule est à l'origine des premiers articles relatifs au monument dans les années 50; il faut attendre 1962 pour que paraisse l'amorce d'une publication des textes et des scènes du "temple de l'est" dans la synthèse de P. Barguet sur le grand temple d'Amon-Rê [1] à Karnak.

Notre travail s'est proposé de reprendre le flambeau en étudiant l'ensemble des vestiges, l'objectif étant double : livrer une description détaillée permettant de connaître le monument autrement que par sa seule association avec l'obélisque "unique", jeter les bases d'une publication de l'édifice. Un pan fondamental de l'étude consiste donc en un relevé exhaustif de la décoration et des textes qui permet de disposer de planches maniables. Ce fac-similé au 10e est accompagné d'un commentaire qui se divise en trois parties :

- Le premier chapitre examine les vestiges architecturaux in situ  et se propose de cerner les conditions matérielles de l'édification du monument, de mettre en lumière la chronologie de certaines phases de travail et de souligner des caractéristiques d'ordre technique notables tels les remplois systématiques responsables d'une maçonnerie hétérogène, la hâte sensible de la mise en oeuvre. Cette enquête a permis de retrouver la localisation originelle de quelques fragments épars, qu'ils s'agisse de blocs conservés à Karnak ou de pièces de musées européens. L'énumération d'un certain nombres de composants architecturaux de l'édifice étant contenue dans les inscriptions d'une des statues du constructeur du temple de l'est, Bakenkhonsou [2] , nous avons confronté ces données avec celles que fournit le terrain : cette opération s'est avérée à la fois fructueuse et source de frustrations car aucune fouille n'ayant été menée jusqu'ici sur le site du monument, il est actuellement impossible de corroborer certaines de nos hypothèses par des faits archéologiques. Des fouilles seraient d'autant plus indispensables qu'elle permettraient d'éclairer par une meilleure vision des abords du monument certaines interventions telles graffiti et cupules, mise en place de barrières, "placage" de certains reliefs ou restaurations en sous-oeuvre.

- Dans le second grand chapitre de notre travail, nous avons décrit succinctement les scènes, translittéré, traduit et commenté les textes, y compris ceux de l'obélisque unique. Une part importante est toutefois réservée aux inscriptions de Ptolémée VIII, en particulier au contenu de deux petites monographies du temple à la fois problématique et d'un réel intérêt sur le plan théologique.

- En dernier lieu sont discutés fonctionnement et fonction du temple sous forme d'un commentaire des programmes iconographiques ramessides et ptolémaïques et d'une synthèse qui confronte éléments fournis in situ et sources extérieures, que celles-ci soient pharaoniques ou résultats de recherches scientifiques récentes. Nous y abordons à nouveau la question de l'écoute et de ses corollaires, tâchant de comprendre quelle a été la place du temple de l'est dans le culte populaire.

Il convient de considérer ce travail comme une recherche préliminaire, notamment nécessaire à la conduite de fouilles et, partant, comme une étude susceptible de modifications.
 



[1] Le Temple d'Amon-Rê à Karnak. Essai d'exégèse, RAPH 21, 1962.

[2] Statue n° 30 du Musée de Berlin.

21/04/01

© Renaud de Spens, 2000