ETUDES COMPARATISTES

Renaud de Spens, « Essai de comparaison sur l'éducation lettrée en Chine et en Egypte ancienne »[1], extrait des Acta Orientalia Belgica, XIII (Vieillesse, sagesse et tradition dans les civilisations orientales), 2000, p. 21-30.

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Les études comparatistes constituent des exercices délicats, car elles nécessitent la maîtrise de plusieurs spécialités. Pour autant, elles sont indispensables. Comme le souligne l’égyptologue taiwanais Poo Mu-Chou, chaque culture se représente une certaine idée d’elle-même, qui ne peut être identifiée qu’en recourrant à l’altérité[2]. Le chercheur qui travaille sur une autre culture que la sienne perçoit l’objet de ses recherches à travers son propre prisme culturel. Il commet donc, plus ou moins inconsciemment, une première comparaison. Mais cette comparaison souffre de son caractère duel : l’altérité, prise comme un bloc, a tendance à être considérée exotique, étrange[3]. En analysant une seule civilisation, le risque est donc de tomber dans ce qu’on appelle le « culturalisme », récemment critiqué avec talent par l’anthropologue Yves Schemeil[4]. Si, au contraire, on appréhende la diversité de l’altérité en étudiant plusieurs civilisations, le moi perd son statut de référent unique, puisque l’on peut comparer l’autre avec l’autre.

L’Egypte et la Chine sont séparées de plus de 4000 kilomètres, Memphis et Luoyang de plus de 6000. Chronologiquement, la civilisation des pharaons et celle de la Chine classique ne se chevauchent que brièvement. Lorsque, sous la période des « Printemps et Automnes », la Chine commence à s’approcher des niveaux de développement de l’Egypte ancienne, celle-ci en est déjà à sa XXVe dynastie, aux derniers siècles de son histoire. Les empires thoutmoside et Tang, présentés comme les « apogées » de leur civilisation par l’historiographie traditionnelle, sont distants de plus d’un millénaire et demi.

Pour autant, des traits culturels communs ont déjà pu être remarqués. Les traditions funéraires possèdent plusieurs similitudes, comme l’emploi des statuettes pour représenter magiquement l’univers sensible du défunt. En 1916, un court article du Journal of Egyptian Archaeology comparait les bas-reliefs des tombeaux Han (25-221) aux figurations des sépultures égyptiennes[5]. L’auteur, impressionné par les ressemblances, proposait l’existence d’une influence de concepts égyptiens sur le développement de la culture chinoise, via la Perse et l’Inde. Ce lien généalogique, s’il n’est pas tout à fait hors de question, n’est cependant confirmé par aucun témoignage indubitable. En tout cas, il n’est aucunement indispensable, et ce n’est pas l’objet de cette communication d’essayer d’en étayer l’hypothèse.

Parmi les ressemblances entre les deux civilisations, il en est une qui convient au thème de ce volume : il s’agit du statut des aînés, de la dialectique maître-disciple, donc de l’éducation. Le sujet est vaste, et risque la généralisation et l’interpolation. Mais il est riche. Utilisant principalement les textes confucéens d’une part, et les « classiques » enseignés au Nouvel Empire d’autre part, cet article s’efforce de le circonscrire quelque peu.

A l’origine, l’éducation lettrée ne se distingue sans doute guère de l’apprentissage des techniques. Comme la société a besoin d’artisans et de guerriers, elle a besoin de scribes. Cette parenté des savoirs trouve un écho dans l’éducation traditionnelle de l’aristocratie chinoise, où le tir à l’arc est une composante aussi importante que l’apprentissage des classiques[6]. Dans l’Egypte ramesside, le passage par l’armée est aussi un moyen de promotion rapide pour les jeunes scribes ambitieux. Cependant, la maîtrise des techniques de l’écriture n’est pas la seule vocation de l’éducation lettrée. Par le choix des documents utilisés par l’apprentissage, elle véhicule une idéologie. Cela explique l’intérêt qu’y porte le pouvoir. Des liens étroits unissent politique et éducation. Confucius, Han Feizi, Amenemhat et le père de Mérikarê sont à la fois hommes d’Etat et maîtres-philosophes. Leur œuvre enseigne donc, dans une large mesure, la conservation de l’ordre établi et la soumission à l’autorité.

I/ Maintenir l’harmonie sociale et donner une place à l’individu

Parce que l’enseignement est souvent lié au gouvernement, il comporte souvent  une partie importante sur la philosophie politique. Mais au-delà, il s’attache également à se justifier dans le parcours individuel de chacun.

1°/ L’ordre social

L’enseignement a souvent pour premier objet l’éducation des princes. Les autres disciples sont presque tous de futurs fonctionnaires. Les relations avec leurs administrés en constituent donc un chapitre obligatoire. Les penseurs égyptiens et les confucéens s’attachent à promouvoir le bien-être du peuple. Dans les « Entretiens » de Confucius, on trouve ainsi :

Entretiens, livre XII (Yun Shao), 9. Si le peuple vit dans le besoin, comment pouvez-vous vivre dans l’abondance ?

Cela fait écho à la doctrine sociale égyptienne :


Sagesse d’Amenemope, chap. 13, XVI, 1,5. S’il advient que des petites gens te sont débiteurs d’une somme considérable, divise leur dette par trois.

Cependant, si les effets, et probablement la raison originelle, sont les mêmes, la justification morale ne s’opère pas de la même manière. Dans la pensée confucéenne, la valeur qui sert de référence est le , la « vertu d’humanité » (ren, prononcer « jen »). Le caractère se compose de la clef de l’homme et du chiffre « 2 ». Il implique la réciprocité, l’altruisme. Cette vertu, bien qu’elle puisse contenir une part de transcendantal, procède essentiellement du jeu des relations humaines. En Egypte, la vision est quelque peu différente. Le concept à respecter est celui de « Maât », la Vérité-Justice, représenté par une frêle déesse coiffée d’une plume d’autruche (). Il s’agit d’un ordre cosmique, transcendantal, à la fois norme et morale suprême des dieux et de l’univers. Son respect conduit à l’immortalité après la mort, son non-respect à la destruction de l’âme, avalée par la Grande Dévoreuse lors du jugement des morts.

Des nuances enrichissent ce tableau général. Certaines œuvres insistent moins sur la morale que sur l’aspect pratique. « L’enseignement pour Mérikarê » n’expose que l’intérêt du souverain, comme les ouvrages de l’école légiste en Chine. L’ordre social doit être maintenu pour préserver le pouvoir. Mais alors que les cyniques égyptiens favorisent plutôt une politique populiste, démagogique, les légistes comptent sur la terreur de la répression et la dureté de la loi, anticipant en cela Machiavel pour lequel il vaut mieux que le prince soit craint plutôt qu’aimé. La différence s’explique par le contexte géopolitique. Les royaumes combattants se déchirent pour l’hégémonie : pour survivre, il leur faut mettre sur pied une économie de guerre en exploitant au mieux les ressources humaines. En Egypte, les périls extérieurs sont traditionnellement moins pressants, et le risque provient des factions : il s’agit donc plus de satisfaire les sujets.

Mais dans la plupart des cas, les sagesses chinoises et égyptiennes définissent un comportement modèle pour les relations humaines. Elles décrivent un homme idéal tempéré et modéré, qui se comporte bien en société, recherchant la compagnie des sages et des autorités morales, se gardant des mauvaises influences. L’accession à cet idéal nécessite cependant un long apprentissage.

2°/ Exhortations à l’étude

Il importe en premier lieu de convaincre les disciples que leurs efforts laborieux pour apprendre les classiques ne seront pas vains.


Sagesse d’Any, P. Boulaq n°4, VII, 4-7. On fait tout ce que tu dis quand tu es versé dans les livres. Etudie les livres, mets-les dans ton cœur, et tout ce que tu diras sera excellent.

 

Confucius, L’invariable milieu, 20. Aimer l’étude rapproche de la connaissance, faire des efforts rapproche de la vertu d’humanité, connaître la honte rapproche du courage. Si l’on a ces trois qualités, on peut se perfectionner ; si l’on peut se perfectionner, on sait comment gouverner les hommes ; si l’on sait comment gouverner les hommes, on sait gouverner tous les peuples de l’Empire.

Les philosophes utilisent la persuasion, font miroiter les avantages d’une culture élevée. Celui qui maîtrise l’enseignement est capable des plus hautes fonctions. C’est un moyen d’ascension sociale qui permet, à la fois en Egypte et en Chine, de transcender les hasards de la naissance. Dès les Han, un système de concours impériaux est mis en œuvre. Les classiques confucéens sont au programme, et des écoles fleurissent partout pour entraîner les candidats. En Egypte, les lettrés d’origine modeste peuvent accéder à des fonctions élevées s’ils ont fait leurs preuves dans un cursus honorum qui leur est ouvert.

Cependant, les maîtres ne dissimulent pas la difficulté de leur enseignement. Les Chinois utilisent le concept de la « voie », le Tao (), pour décrire le parcours idéal que doit suivre l’apprenti-sage. On trouve un concept similaire dans certains textes égyptiens : le « chemin de la vie » (). La différence entre ces deux notions réside dans le caractère absolu et universel du Tao, à la fois insaisissable et présent dans toute chose. Les penseurs de l’école taoïste critiquent les confucéens qui prétendent enseigner le Tao avec des mots et des livres alors que celui-ci serait intransmissible. Selon eux, le maître-boucher qui dépèce la viande d’une manière parfaite connaît mieux le Tao que Confucius. La « voie » égyptienne apparaît moins contraignante, plus concrète, ne constituant qu’une manifestation du concept suprême de Maât.

Il convient, en second lieu, de dénoncer tout ce qui risque de détourner l’écolier de l’étude, comme l’ivresse, les armes ou le sexe.

Confucius, Entretiens, livre VII, 7. L’homme de bien doit se garder de trois dangers : étant jeune, le courage et le caractère ne sont pas encore fixés, et il doit se garder du désir charnel ; devenu robuste, le courage et le caractère sont forts, et il doit se garder du goût pour les combats ; devenu vieux, le courage et le caractère s’affaiblissent, et il doit se garder d’être âpre au gain.

Les textes égyptiens, comme la « Satire des métiers », tournent en ridicule le soldat en campagne, perclus de soif et de maladies, et l’habitué des « maisons de la bière », que l’alcool et la fréquentation des prostituées font tomber en déchéance. En Chine, l’alcoolisme et la luxure sont devenus des thèmes politiques. Dans le « Livre des documents » (), la chute de la dynastie de Shang est largement expliquée par le goût immodéré de ses derniers rois pour le vin et le sexe. De manière générale, les sages confucéens et égyptiens abhorrent toutes les formes d’excès : l’outrance dévie du Tao, déséquilibre la Maât. Leurs pensées reflètent souvent la position officielle du pouvoir, soucieux de préserver l’ordre public. Mais elle est combattue par une culture de l’hédonisme également très populaire. Les poètes chinois puisent leur inspiration dans les paradis artificiels et y oublient leur mal de vivre ; les nobles égyptiens tentent de conjurer la mort en faisant peindre dans leurs tombeaux des scènes de fêtes et de libations.

La doctrine doit donc établir la supériorité des choses de l’esprit sur celles du corps. Après avoir constaté l’inutilité du châtiment corporel pour contraindre son jeune disciple à l’étude, un maître égyptien le flatte :

P. Lansing, 2,8-3,1 (=LEM 101, 10-14). Tu es déjà une personne digne des livres, bien que tu ne puisses pas encore faire l’amour. Ton cœur est perspicace, tes doigts sont intelligents, ta bouche est apte à réciter.

L’exemple est remarquable. L’élève, nubile, n’est pas considéré par un adulte par la société, puisque l’évolution de son corps ne lui permet pas encore de fonder un foyer, de procréer. Pourtant, il a déjà l’âge de raison, il peut apprendre à écrire, à réciter les classiques : il n’a donc rien à envier aux capacités de ses aînés. L’auteur veut probablement ainsi insister sur le fait que c’est surtout par l’éducation que l’on devient un homme. La pensée didactique chinoise abonde dans le même sens. Sans éducation, l’homme peut se comparer à un morceau de jade brut : il ne peut servir à rien ; il n’est pas accompli.

Ainsi averti, l’étudiant peut se concentrer sur l’apprentissage et la mise en pratique de l’enseignement moral.

II/ Promouvoir la soumission au pouvoir et la dévotion à l’autorité des aînés

Parmi les qualités que doit posséder l’homme idéal égyptien et chinois, la dévotion à l’autorité des aînés occupe une place essentielle.

1°/ De la piété filiale

Confucius, Entretiens, livre IV, 18. En servant ses parents, il ne faut exprimer ses opinions que sur un ton modéré. Si ses idées ne sont pas acceptées, il faut garder le respect et ne pas désobéir. Même si c’est pénible, il ne faut pas se plaindre.

Sagesse d’Amenemope, chap. 27, XXV, 16-XXVI. N’injurie pas un aîné ! Il a vu le soleil avant toi. Fais en sorte qu’il ne se plaigne jamais de toi au disque solaire à son lever, en disant qu’un cadet l’a injurié. Il souffre en présence du soleil, le cadet qui injurie un aîné. S’il te bat, laisse les bras croisés. S’il t’injurie, tais-toi.

Dans les deux cultures, la piété filiale, et le respect des aînés en général, sont considérés comme des vertus majeures. Comme le montrent les scènes de funérailles figurées dans les tombeaux, elles dépassent la philosophie pour acquérir une dimension religieuse. Le culte des ancêtres est particulièrement bien documenté en Chine, extrêmement ritualisé, constamment présent dans la vie de tous les jours. Les monuments funéraires et les généalogies (surtout à partir de la Troisième Période Intermédiaire) montrent que les Egyptiens avaient également le soucis d’honorer leurs ascendants. Cependant, les deux sociétés possèdent des structures familiales très différentes : en Chine, le noyau est le clan, s’identifiant autour d’un nom de famille et d’un autel des ancêtres ; en Egypte ancienne, le foyer ne comprend en général que deux générations, et les patronymes sont inconnus. Dans la Vallée du Nil, le culte des ancêtres ne peut donc pas être aussi développé, à part pour les rois. En outre, alors qu’en Chine les enfants sont tenus à des périodes de deuils longues et contraignantes à la mort de leurs parents, en Egypte, l’organisation de l’enterrement – le plus fastueux possible - et l’entretien de la tombe constituent les seules obligations morales des ayants-droits.

Cette attitude de dévotion à l’égard des parents et des aînés n’est cependant pas toujours naturelle. Les auteurs en sont conscients, et ils s’efforcent de trouver des arguments propres à couvrir les conflits de générations et d’autorité.


Sagesse d'Any, P. Boulaq n°4, VII, 17‑20. Rends au double le pain que t'a donné ta mère. Charge-toi d'elle comme elle s'est chargée de toi. Elle t'a porté pendant longtemps et ne t'a pas abandonné lorsque tu es venu au monde. Elle s'est aussi mise sous ton joug et t'a donné le sein pendant trois ans. Alors que tu grandissais et que tes excréments étaient dégoûtants, elle n'était pas dégoûtée et ne disait pas : « J'en ai assez! » Elle t'a mis à l'école pour que tu sois instruit des livres.

En Chine, les classiques célèbrent l'histoire édifiante de la mère du grand philosophe Mencius. Veuve, elle éleva seule son enfant. Elle alla habiter près d'une école, pour que son fils soit dans un environnement propice à l'étude. Et :

Glossateur de Mencius, cf. S. Couvreur, Les quatre livres, p. 208. Lorsque Mencius commença à étudier, un jour qu'il revenait de l’école, sa mère lui demanda où en étaient ses études. Voyant qu'il s'abandonnait à la paresse, elle prit un couteau, brisa son métier à tisser, et dit « Mon fils traite ses études comme je traite mon métier à tisser ». Mencius, plein de crainte, se mit à étudier avec ardeur et sans relâche du matin au soir.

Les enfants doivent plus que la vie à leurs parents, ils leur doivent l’éducation de base, et aussi, pour les plus chanceux, l’envoi à l’école, qui seule peut faire d’eux des hommes complets. Les aînés sont donc les premiers maîtres, les livres d’enseignements sont souvent des discours d’un père à son fils. Ainsi, les rapports maître-disciple, aîné-cadet et parent-enfant sont de même nature dans les deux civilisations. Cela ne veut pas dire qu’ils ont tous exactement une valeur identique. Rien n’est plus sacré que le lien de la filiation, placé au sommet des cinq relations définies par Confucius.

Au-delà de l’expression naturelle d’une gratitude, la soumission aux aînés est aussi la soumission au pouvoir.

2°/ Autorité des aînés et politique

Les liens entre piété filiale et loyalisme politique sont clairement exprimés par les auteurs eux-mêmes.

Sagesse d'Any, P. Boulaq n°4, VI, 10‑12. Ne t’assieds pas lorsqu'un autre est debout, s’il est plus âgé que toi ou si ses fonctions sont hiérarchiquement supérieures. Dans cet extrait, le scribe utilise un jeu de mot : « âgé » et « fonctions » sont pratiquement homophones. Le supérieur est assimilé à l’aîné.

Confucius, Entretiens, livre 1, 2. Il n’y a que très peu de personnes qui ont foi dans la piété filiale et fraternelle et qui sont enclines à se rebeller contre leur supérieur!

Le respect de la hiérarchie, du pouvoir, de l’ordre établi, est l’un des objectifs de ces textes. L’autorité repousse le chaos, le Léviathan préserve la société de la domination du plus fort. En cela, l’Etat est déjà légitime aux yeux de ces penseurs. Ils préconisent l’endurance face aux petites injustices et aux dysfonctionnements pour préserver la tranquillité de l’ensemble de la  communauté. Il convient de conserver les institutions, la tradition, le rang du sang et de l’âge afin de minimiser les risques de conflits, de ruptures, d’insécurité.

L’éducation lettrée apparaît donc souvent comme le moyen de faire régner la « loi du père », de conserver la prééminence de ceux qui sont déjà en place. En cela, elle a tendance à étouffer les pulsions individuelles. Pourtant, elle peut être détournée de son objet. En effet, l'étude n'est pas seulement une affaire contraignante, elle est souvent aussi source de plaisir. L'admiration pour les Anciens stimule l'esprit de création, et l’imitation servile des classiques cache parfois un véritable esprit d’innovation. D’autre part, la confrontation maître-disciple éclate dans certains passages confucéens, ainsi que dans la Sagesse d’Any. Même si ces textes l’utilisent comme argument pédagogique, l’opposition de l’étudiant à l’enseignement de son mentor est reconnue, laissant ainsi la marge au développement de l’esprit critique. L’auteur du papyrus Cheaster-Beatty IV, qui exprime des idées qui se démarquent quelque peu des dogmes religieux, n’a pas une pensée très éloignée de celle de Mencius :

Mencius, chapitre Jin Xin Xia. Il vaudrait mieux ne pas avoir de livres que de croire tout ce qui est écrit.

Bibliographie essentielle :

Pour les textes égyptiens et leur bibliographie, cf. entre autres Miriam Lichtheim, Ancient Egyptian Literature, (trois volumes chronologiques), Bekerley-London-Los Angeles 1975-76-77, et William Kelly Simpson (éd.), The literature of Ancient Egypt, New Haven-London, 1973.

Pour les sources confucéennes, voir notamment Séraphin Couvreur, Les quatre livres (ouvrage de 1895, avec de nombreuses rééditions), et plus récemment Anne Cheng, Les entretiens de Confucius, Paris 1981.

L’ensemble de la philosophie chinoise fait l’objet de l’étude d’Anne Cheng, dans Histoire de la pensée chinoise, Paris 1997. Un tel ouvrage fait défaut pour l’Egypte ancienne, mais on peut se reporter à la série de livres de Miriam Lichteim sur Maât (le plus récent est Moral Values in Ancient Egypt, Fribourg 1997).


[1] Cet essai laborieux, écrit à mi-chemin entre un doctorat en égyptologie et une maîtrise de chinois, n’a pas pu être aussi développé que je l’aurais souhaité. Son existence doit à Benoît Lurson, qui m’a encouragé à participé à la SBEO, et à Christian Cannuyer, qui en a accepté le principe. Il a bénéficié de l’aide de Jeong Myeong-Hee, doctorante en linguistique, et des avis d’Alain Arrault. Il constitue également le sujet d’une maîtrise sous la direction d’Anne Cheng, dont la critique précieuse m’a aidé à sortir de certains clichés et à affiner l’analyse. Des devoirs égyptologiques ne permettant pas de terminer ce mémoire pour l’instant, le présent article en constitue une ébauche.

[2] Entretien publié dans Thotweb 2, 1999, p. 25, et accessible à http://perso.wanadoo.fr/thotweb/pro/poo.htm.

[3] Ainsi, l’orientalisme traditionnel a pu être pertinemment critiqué par Edward W. Said, Orientalism, Western Conceptions of the Orient, London 1978 (réédition avec une nouvelle préface en 1995).

[4] Yves Schemeil, La politique dans l’ancien Orient, Paris 1999.

[5] H. R. Hall, « A Comparison of Chinese and Egyptian Tomb-Sculptures », JEA III, part I, January 1916, p. 38-40 + pl.

[6] Cependant, ces exercices peuvent aussi être analysés comme de véritables chorégraphies rituelles, cf. Jean Lévi, « Le silence du rite. Aspects de l’éducation en Chine ancienne », in Le temps de la réflexion, 1985, VI, p. 73-95.

8/04/01
© Renaud de Spens, 2000