Ahmès
fils d'Abana et sa femme Apou devant leur petit fils
le scribe Pahéri, LDIII, 12a.
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Autobiographie
d'Ahmès, fils d'Abana, soldat ayant servi sous les
règnes d'Ahmosis,
Amenhotep I et
Thoutmosis I.
(Urk. IV
3,2-5,2 ; traduction R. de Spens - les titres en gras
et le regroupement en paragraphes n'apparaissent pas dans
le texte égyptien ; voir aussi l'extrait traduit par
S.
Fryer )
Introduction
Le
supérieur des marins, Ahmès, fils d'Abana,
juste de voix, parle : « Je vais vous raconter
les honneurs que j'ai reçus, moi qui ai été
récompensé sept fois par l'or devant le pays
tout entier, et qui ai aussi été pourvu en
serviteurs et servantes, moi à qui on a attribué
de grandes et nombreuses terres. C'est par ce qu'il a accompli
qu'un nom devient glorieux et qu'il ne sera jamais oublié
dans ce pays. »
Enfance
et adolescence
Il
continue : « Je grandis dans la ville d'El-Kab.
Mon père était soldat du roi de Haute et de
Basse-Egypte Séqénenrê, juste de voix,
et s'appelait Baba, fils de Raïnet. Je devins soldat
naval à sa place dans le navire "Taureau fatal",
sous le règne du maître des Deux-Terres Ahmosis,
juste de voix. J'étais alors adolescent, n'avais
pas pris femme, et je dormais encore dans un hamac.
Premières
distinctions devant Avaris
Après
avoir fondé un foyer, je fus affecté à
la flotte du nord grâce à mes mérites.
Alors qu'on avait mis le siège à la ville
d'Avaris, je servis à pied le souverain, vie, force,
santé, le suivant dans ses allées et venues
sur son char. Dans ce rôle d'infanterie, je me couvris
de gloire devant sa Majesté, et je fus bientôt
nommé sur le navire "Brille à Memphis".
On
combattit sur l'eau dans le canal de Padjedkou, près
de la ville d'Avaris. J'y fit du butin et rapportai une
main. Cela fut notifié au héraut royal, et
l'on m'accorda l'or du mérite. Peu après,
la bataille reprit, et je me battis encore, faisant de nouveau
du butin, rapportant encore une main. On me remis l'or du
mérite une nouvelle fois.
Alors
une bataille eut lieu en Egypte, au sud de cette ville.
J'y fit un prisonnier : j'étais descendu dans l'eau
et c'est là que je le capturai, juste sur le chemin
de la ville, et je dus traverser l'eau en le portant. Cela
fut répété au héraut royal.
Je fus à nouveau récompensé par l'or.
Puis
on prit Avaris. J'y capturai un homme et trois femmes, en
tout quatre personnes. Sa Majesté me les donna en
serviteurs.
Prise
de Sharouhen
Alors
on assiégea Sharouhen pendant trois ans. Quand sa
Majesté la conquit, j'en rapportai des prises de
guerre : deux femmes et une main. On me décerna l'or
du mérite et celles que j'avais capturées
me furent accordées comme servantes.
Campagne
en Nubie
Plus
tard, après que sa Majesté eut massacré
les Mentiou de Setet, il remonta le fleuve vers le pays
de Khentennefer, pour anéantir les Iounou-Sétiou.
Sa
Majesté leur fit subir un carnarge considérable
; je rapportai des prises, deux hommes vivants et trois
mains. A nouveau, on me récompensa avec l'or, et
deux servantes me furent attribuées.
Quand
sa Majesté s'en retourna vers l'aval, son coeur était
en joie : par ses mérites et sa force, il avait conquis
les pays du sud et du nord.
Attaque
d'Aata
Puis
Aata, un ennemi, arriva du Sud. Ainsi, il se rapprochait
de son destin. Les dieux de Haute-Egypte le saisirent. Sa
Majesté le trouva à Tenttao et le fit prisonnier.
Tous ses gens furent emmenés comme butin. Je ramenai
prisonniers deux soldats du navire d'Aata. Sa Majesté
me donna cinq captifs, et des parcelles de terres, en tout
cinq aroures dans ma circonscription. Il fut fait de même
pour tous les marins.
Rébellion
de Tétian
Alors
ce vil ennemi nommé Tétian arriva. Il avait
rassemblé des hommes au coeur mauvais. Sa Majesté
le tua. Sa bande fut anéantie. On me donna trois
captifs et cinq aroures dans ma circonscription.
Campagne
nubienne d'Amenhotep I
Puis
je naviguai pour le roi de Haute et de Basse Egypte Djeserkarê
[Amenhotep I], juste de voix ; il remonta le courant vers
le pays de Koush afin d'agrandir les frontières de
l'Egypte.
Il
attaqua cet lounou-Sétiou jusqu'au milieu même
de ses troupes. Celui-ci fut emmené enchaîné.
Il ne restait plus rien de son armée, en fuite, repoussée
de tous côtés, comme si elle n'avait jamais
existé.
Je
fus mis à la tête de nos troupes, car j'avais
combattu de façon extraordinaire, et sa Majesté
avait aperçu ma bravoure. J'avais rapporté
deux mains que j'avais fait livrer à sa Majesté.
Alors
on chercha ses hommes et ses troupeaux. J'emmenai les prisonniers
pour les faire livrer à sa Majesté.
Je
ramenai sa Majesté en Egypte en deux jours, en partant
de la Source Supérieure [lieu dit].
On
me récompensa avec de l'or, et il me fut apporté
deux servantes comme butin.
A
suivre...
12/12/00-
3/06/02
© Renaud de Spens. |