GLRII,
212, I
Relief représentant Thoutmosis I, provenant du
temple d'Hatshepsout à Deir el-Bahari, Musée
d'Hildesheim. |
Des
origines de Thoutmosis I, on ne connaît que le
nom de sa mère : Séniséneb. Son règne
dynamique élargit les zones d'influences de l'Egypte.
Le
conquérant de Kerma
Ce
n'était
vraisemblablement pas un fils de son prédécesseur, Amenhotep
I.
Il ne s'agit pas non plus d'un usurpateur : sa présence
aux côtés d'Ahmès-Néfertary,
veuve d'Ahmosis,
en témoigne. Son épouse,
la reine Ahmès, pourrait être apparentée
à la famille royale, comme son nom pourrait l'indiquer.
Son
avènement, le 21e jour du troisième mois de
peret, est documenté par les faire-parts qu'il a
envoyé au vice-roi de Nubie, Touri (Urk.
IV, 79-81).
Ses opérations guerrières sont assez bien
documentées par les autobiographies d'Ahmès
fils d'Abana, d'Ahmès
Pennekhbet et la grande stèle de Tombos (Urk.
IV, 82-86). En l'an 2, il dirige une expédition
vers le sud, franchit la 4e cataracte et atteint Kourgos,
où il fixe la nouvelle frontière méridionale de l'Egypte.
Cette attaque affaiblit considérablement les peuples de
la région, et la civilisation de Kerma disparaît. D'après
Ahmès, fils d'Abana, le roi rentre à Thèbes avec le cadavre
du chef ennemi pendu à la proue du navire royal.
Puis
le roi se tourne vers l'Asie. Il atteint le Naharina, en
Syrie actuelle. Au retour de sa campagne, il chasse l'éléphant
dans la région de Niya. Ce geste que relate la propagande
a sans doute une vocation symbolique : Thoutmosis I se pose
en maître des éléments. Il affirme une conception impériale
du pouvoir pharaonique.
A
cette extension des frontières s'ajoute un ambitieux programme
architectural, qui trouve un écho à la fois dans des monuments
encore en place aujourd'hui et dans l'autobiographie
de l'architecte Inéni. A Karnak, il édifie une salle
hypostyle, le Ve et vraisemblablement aussi le IVe pylône,
ainsi qu'une enceinte. Des travaux sont également attestés
à Karnak-nord, Memphis, Abydos, El-Hibeh, Erment et Eléphantine,
ainsi qu'en plusieurs places de Nubie.
La
reine Hatshepsout,
fille de Thoutmosis I et d'Ahmès, raconte qu'elle aurait
été associée par son père aux affaires publiques dès l'an
2. Mais c'est d'une autre épouse, Moutnéfert, qu'est né
Thoutmosis II,
son successeur.
La
tombe de Thoutmosis I, construite par Inéni, n'est pas certainement
identifiée. Il apparaît cependant probable qu'il s'agisse
de KV 20, que la reine Hatshepsout aurait fait réaménager
plus tard pour être enterrée avec son père. Puis, Thoutmosis
III aurait déménagé les effets funéraires de Thoutmosis
I, son grand père, dans la tombe KV 38, pour l'éloigner
d'Hatshepsout.
D'après
Josèphe, abréviateur de Manéthon, Thoutmosis I aurait régné
12 ans et 9 mois, ce qui apparaît plausible (les sources
l'attestent jusqu'en l'an 9 au moins).
Bibliographie |
Généralités
:
Claude Vandersleyen, L'Egypte et
la Vallée du Nil, tome 2, Paris
1995, p. 247-264.
Betsy M. Bryan, "18th Dynasty
Before the Amarna Period", in Ian
Shaw (ed), The Oxford History of Ancient
Egypt, Oxford 2000, 2002, p. 230-235.
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16/12/00-
3/09/03
Renaud de Spens.