Ramsès
II,
comme Akhénaton et Toutankhamon,
appartient autant au mythe qu'à l'histoire. Ce mythe
a été créé du vivant même
du roi.
Un
constructeur prolifique
Le
nombre de ses monuments est hors du commun. Il s'explique
pour une part par la longueur du règne : 66 ans.
Mais
il est surtout dû à un programme politique vigoureux
pour imprimer la marque du roi dans l'histoire.
De
Pi-Ramsès, sa nouvelle capitale fondée sur l'antique
Avaris (Tell el-Dabaa) aux deux temples rupestres d'Abou Simbel,
en passant par le Ramesseum, le pylône du temple de
Louqsor ou Gerf Hussein, les réalisations de Ramsès
II sont très ambitieuses, et ne peuvent se comparer
qu'à celles d'Amenhotep III.
Outre
les créations, de nombreux monuments anciens sont réutilisés.
Il s'agit moins d'une usurpation que d'une récupération
d'un héritage prestigieux à des fins de légitimation.
Ramsès II
suit le modèle d'Amenhotep III,
tant dans le rôle qu'il octroie à sa grande épouse
royale Néfertary (qui s'apparente à celui qu'avait
Tiyi), que dans sa propre divinisation. De plus, ce n'est
pas moins de treize jubilés (fêtes sed) que fait
célébrer le roi après l'an 30, afin de
témoigner de son aptitude à régner et
à se régénérer.
Le
grand jeu diplomatique égypto-hittite
La
politique internationale fait également l'objet d'une
mise en scène à grand spectacle par la propagande
royale.
Le
récit de la bataille de Qadesh, contre la coalition
menée par les Hittites en l'an 5, est magnifié
en plusieurs versions. Mais Ramsès II
est un roi moins guerrier qu'il ne le prétend. Aucune
campagne militaire n'est attestée après l'an
10.
Le
char de Ramsès II pendant la campagne de Qadesh.
Scène d'Abou Simbel. Monumenti Storici
III, pl. CII. |
En
l'an 21 est conclu le fameux traité de paix égypto-hittite,
que les archéologues ont retrouvé à la
fois en hiéroglyphes et en cunéïforme.
La nouvelle alliance est matrimonialement scellée en
l'an 37, quand Ramsès II
épouse une princesse hittite.
Famille
et succession
Ramsès
II manifeste autant de piété filiale que Séthy
Ier, mais il témoigne en outre
d'un grand attachement à sa nombreuse progéniture.
La
tombe KV5, destinée à ses fils, récemment
redécouverte par Kent Weeks, comprend plus d'une centaine
de couloirs et de chambres (le monument n'est pas encore complètement
dégagé aujourd'hui).
Ses
deux épouses principales sont Néfertary, notamment
destinataire d'un des temples d'Abou Simbel et d'une tombe
richement historiée, et Isis-Nofret, mère de
son successeur, Mérenptah.
Bibliographie
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M.
Eaton-Kraus, Lexicon der Ägyptologie,
V, p. 508-514.
Claude
Vandersleyen, L'Egypte et la Vallée
du Nil, tome 2, Paris 1995, p. 513-556.
Nicolas Grimal, Histoire de l'Egypte
ancienne, Paris 1988, p. 330-352.
Bernadette Menu, Ramsès II, souverain
des souverains, (Découvertes Gallimard n°344)
Paris 1998.
Kenneth
A. Kitchen, Pharaoh Triumphant: The Life
and Times of Ramesses II, Warminster 1982.
Ramsès le Grand, (exposition du Grand
Palais), Paris 1976.
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16/10/01
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1/09/03
Renaud de Spens.
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