|
|
C'est
Champollion qui a nommé
Spéos Artémidos (« La
grotte d'Artémis ») ce temple rupestre
dédié à la déesse lionne
Pakhet par la reine Hatshepsout.
En
Moyenne Egypte, un peu à l'est de la localité
moderne de Beni Hassan, il est aujourd'hui appelé
Istabl Antar ("l'étable d'Antar" -
un poète pré-islamique) en arabe.
Ses
dimensions sont restreintes (la façade fait à
peu près quinze mètres de long), mais
sa forme est originale, presque unique dans l'architecture
des temples égyptiens.
Façade
Creusé
dans le roc, il est surmonté d'une longue inscription
s'étendant sur 42 colonnes (Urk
IV. 383-391). Ce texte s'adresse à la
fois aux dieux et aux hommes, présentant les
travaux de rénovation entrepris par Hatshepsout
dans la région. Fait notable, la reine se glorifie
d'avoir remis en état des monuments détruits
sous la domination hyksôs, plus de 60 ans auparavant.
Pronaos
La
première salle (pronaos) était soutenue
par deux rangées de quatres piliers. Ceux-ci,
inachevés, étaient préparés
pour recevoir une décoration hathorique vers
l'extérieur, et osiriaque vers l'intérieur.
Les
piliers portent les cartouches de Thoutmosis
III, Séthy Ier, et peut-être
Paynedjem Ier.
La
partie orientale de la paroi sud comportent deux scènes
datant du règne d'Hatshepsout,
mais remaniées sous Séthy Ier.
La
scène de droite représentait le couronnement
de la reine par Amon et Pakhet-Ouret-Hékaou.
Hatshepsout,
agenouillée vers la gauche, était coiffée
du khepresh. Lorsque Séthy Ier usurpe
la scène, il change l'orientation du souverain
vers la droite, et prend la couronne henou à
la place du khepresh.
La
scène de gauche représentait Iounmoutef
tenant un discours devant la Grande Ennéade
thébaine. Sous Séthy Ier,
l'image du dieu Thot se substitue à celle d'Iounmoutef,
et l'ordre des dieux de l'Ennéade est modifié
(du haut vers le bas).
Dessin
Luce Chappaz-Pache
|
La
partie occidentale de la paroi sud présentent
trois scènes gravées à l'époque
de Séthy Ier (il n'y a aucune trace
d'usurpation).
Sur
le tableau de gauche figure Séthy Ier
offrant une libation et une fumigation à Pakhet
(ci-contre).
La
scène centrale représente Pakhet coiffée
de la couronne hathorique offrant un collier menat
et les deux urei au roi.
Le
tableau de droite comporte Thot tenant Séthy Ier par la main.
Porte,
corridor et sanctuaire
La
porte est au nom de Séthy Ier. Elle
comportait un vantail unique. Sur le linteau se trouvent
des scènes de courses rituelles, avec une rame
et le vase Hs).
Sur l'intérieur du jambage, le roi Paynedjem
Ier est peint, ceint de la couronne rouge,
portant le pagne triangulaire et se dirigeant vers le
sanctuaire, une canne à la main.
A
l'entrée du corridor est gravée une inscription
datée de l'an 1 et qui commémore le couronnement
de Séthy Ier (KRI I,
41-44). Le corridor comprend aussi des scènes
d'offrande à Pakhet (Sbt
et vin). Le plafond est décoré de vautours
éployés aux cartouches de Séthy Ier.
Le
sanctuaire contient quelques décors mals conservés,
et des grafitti pharaoniques, grecs et coptes. La niche,
aujourd'hui vide, est au nom de Séthy Ier.
Non
loin du Spéos se trouve une autre petite chapelle
rupestre dédiée à Pakhet par Hatshepsout,
Thoutmosis
III
et Néferourê.
Bibliographie
|
Suzanne
Bickel, Jean-Luc Chappaz, « Missions
épigraphiques du fonds de l'égyptologie
de Genève au Spéos Artémidos »,
BSEG
12, 1988, p.
9-24.
Suzanne
Bickel, Jean-Luc Chappaz, « Le
Spéos Artémidos »,
in Les
Dossiers de l'Archéologie - Hatchepsout,
femme pharaon, novembre 1993, p.
94-101.
Joyce A. Tyldesley, Hatshepsut: The
Female Pharaoh, 1996, p.
155-158.
Jacques
Vandier, Manuel d'archéologie égyptienne,
Tome II (2), Les grandes époques - L'architecture
religieuse et civile, Paris 1955, p. 944-948.
Alan
H. Gardiner, JEA 32, 1946, p. 43-56.
H.
W. Fairman, B. Grdseloff, JEA 33, 1947,
p. 12-33.
|
Renaud
de Spens.
|
|
|
|