« Celui qui est agréable 
                          au coeur de Rê »
                        
                           
                              
                              Reconstitution d'après Borchardt, corrigée | 
                          
                        
                        Le temple solaire d'Abou 
                          Gorab (anciennement fautivement appelé "pyramide 
                          de Righa"), construit à la lisière 
                          du désert par Nyouserrê, sixième 
                          roi de la Ve dynastie, est structuré 
                          autour d'un obélisque géant mesurant à 
                          l'origine probablement près de 56 mètres 
                          de haut, base comprise. 
                        Les documents égyptiens 
                          font mention de six temples solaires sous la cinquième 
                          dynastie. Seuls deux sont surement identifiés, 
                          et celui de Nyouserrê est le mieux conservé. 
                        
                        Il s'agit d'un type de monument 
                          que l'état actuel de la documentation nous fait 
                          apparaître comme tout à fait original. 
                          Les vestiges de temples divins antérieurs au 
                          Nouvel Empire sont extrêmement rares, et de surcroît 
                          celui-ci, étant dédié à 
                          Rê, suit un modèle particulier. Baigné 
                          de lumière, il s'inspirait peut-être du 
                          fameux sanctuaire d'Héliopolis, aujourd'hui disparu. 
                        
                        Découverte
                        Les savants de l'expédition 
                          d'Egypte de 1798 repèrent des ruines à 
                          quelques kilomètres au sud de Saqqarah. Le site 
                          suscite quelque intérêt de la part de Perring, 
                          puis de Lepsius (qui la nomme "pyramide 15" 
                          sur son plan), Mariette et Villiers-Stuart.
                        Mais c'est la mission des 
                          Musées Royaux de Berlin, comprenant notamment 
                          Friedrich von Bissing, Ludwig Borchardt et Heinrich 
                          Schäfer, qui entreprend les premières fouilles 
                          véritables du temple, en trois saisons de 1898 
                          à 1901.
                        Borchardt, architecte de 
                          formation, reconstitue d’une manière vivante 
                          et précise l’apparence initiale du monument.
                         Structure
                        Le temple est situé 
                          sur une éminence rocheuse renforcée au 
                          nord et à l'est par des terrasses en briques. 
                          On y accédait par un porche monumental en aval. 
                          Une longue chaussée montante d'une centaine de 
                          mètres en partait. Couverte, elle était 
                          sans doute très sombre. Le contraste était 
                          donc d'autant plus saisissant lorqu'on arrivait dans 
                          la cour du temple, inondée de lumière, 
                          où s'élevait l'obélisque géant 
                          (benben), masse de calcaire étincelante posée 
                          sur une couche de granit rouge.
                        La base du monument était 
                          creusée d'un couloir menant au sommet du socle, 
                          d'où l'on devait jouir d'un point de vue exceptionnel. 
                        
                        Une porte de service donnait 
                          sur le nord, accédant aux magasins. L'autel, 
                          devant l'obélisque, était formé 
                          de quatre signe hetep entourant un soleil, 
                          formant le rébus "offrande à Rê" 
                          vers les points cardinaux.
                        Deux espaces contenant rigoles 
                          et bassins, parfois improprement appelés "abattoirs" 
                          (aucun outil de boucherie n'a été retrouvé), 
                          servaient sans doute à des rituels de libations.
                        
 
                        
                        Au sud du temple, une barque 
                          solaire en brique, singulièrement unique, rappellait 
                          la pérégrination de l'astre.
                        Reliefs
                        De nombreux reliefs sont 
                          mis au jour par l'expédition allemande. Une pièce, 
                          la chambre de l'univers (Weltkammer) était décorée 
                          des scènes des trois saisons. Les scènes 
                          de fête-sed sont particulièrement riches 
                          et originales, et leur niveau de détail ne peut 
                          se comparer qu'avec celles, bien plus tardives, d'Amenhotep 
                          III et d'Osorkon II. 
                        
                        Postérité
                        Bien que le monuments ait 
                          bénéficié de restaurations à 
                          l'époque de Ramsès 
                          II, on ne connaît pas de temple postérieur 
                          s'en inspirant. Seuls les temples solaires d'Akhénaton 
                          possèdent quelques caractéristiques similaires. 
                        
                        
                           
                            |   Bibliographie 
                              | 
                          
                           
                            |   Lexicon 
                                der Ägyptologie. 
                                Friedrich von Bissing (éd.), Das 
                                Re-Heiligtum des Königs Ne-woser-Re (Rahutes) 
                                I, II & III, Berlin 1905, 1923 & 1928. 
                                Jacques Vandier, Manuel d'archéologie 
                                égyptienne, Tome II (2), Les grandes 
                                époques - L'architecture religieuse et 
                                civile, Paris 1955, p. 582-594. 
                                  | 
                          
                        
                        
                        
                        15/09/02 
                          - 
                          13/10/02
                          Renaud de Spens.