Alias
: Tutankhamun, Tutankhamen.
Après le court règne
de Smenkhkarê, qui s'emploie déjà à
réhabiliter la religion traditionnelle, le jeune prince
Toutânkhaton monte sur le trône. Son nom est bientôt
transformé en Toutânkhamon ; la cour a abandonné
Akhétaton (Amarna) pour retourner à Memphis.
Restauration sous tutelle
Détail d'un siège au musée du Caire.
|
Le règne de Toutânkhamon
aurait duré 10 ans d'après les dates les plus
tardives des jarres à vin présentes dans sa
tombe. Il est assez mal connu. Certainement couronné
enfant, comme le prouvent les petits trônes retrouvés
parmi son mobilier funéraire, il est fils de
roi (cf. un bloc retrouvé à Hermopolis).
Son père est probablement Akhénaton.
Il est marié dès le début de son règne
à Ânkhesenpaaton (qui devient
rapidement Ânkhesenamon), troisième
fille d'Akhénaton
et Nefertiti.
Le document épigraphique principal de
cette période est la « stèle
de la Restauration ». Usurpé
par Horemheb, cet édit de trente lignes,
vraisemblablement daté de l'an 1 et connu par plusieurs
copies, entend magnifier l'action de restauration du roi.
Celui-ci aurait trouvé les temples des dieux et déesses
désaffectés à son avènement.
La remise en ordre des temples sur
le plan administratif et fiscal est sans doute l'oeuvre
de Maya, chef du Trésor royal, dont
la tombe a été découverte à Saqqarah.
Ce haut fonctionnaire est envoyé en mission d'inspection
de tous les sanctuaires, du Delta à Eléphantine.
Les travaux commencés par Amenhotep III
et abandonnés par Akhénaton
sont repris. La décoration de la grande colonnade de
Louqsor, dédiée à la célébration
de la fête d'Opet, est notamment brillament entreprise.
Près de Medinet Habou, on commence l'édification
d'un temple funéraire.
En Nubie, on trouve trace des constructions
de Toutânkhamon
à Kaoua, à Faras et à Gourob. Dans le
Delta, il est attesté à Guizeh et Saqqarah.
Un taureau Apis est enterré sous son règne.
Ce retour au statu quo ante passe
également par le démontage de certaines
structures amarniennes, mais on ne constate pas de
répression contre les idées atoniennes. Ainsi,
le nom d'Aton n'est pas martelé. Dans le domaine des
arts, les avancées du règne d'Akhénaton
restent à la mode ; seules les outrances sont abandonnées.
Parmi les dignitaires les plus importants se
trouvent les futurs rois Ay
et Horemheb. Ay,
qui a déjà exercé des fonctions élevées
auprès d'Akhénaton, en tant que flabellifère
à la droite du roi et chef de la cavalerie, porte le
titre de « père du dieu », et
il semble exercer une forme de régence. Horemheb affiche
quant à lui les titres de prince héritier et
de grand chef des troupes. Dans des documents postérieurs
à son accession au trône, il affirme avoir été
le véritable décideur du règne.
Succession
La réalité du pouvoir paraît
avoir été disputée, car c'est Ay
qui organise les funérailles de Toutânkhamon
et lui succède en tant que roi, éloignant Horemheb,
peut-être en campagne militaire dans le Levant.
La XVIIIe dynastie
est alors virtuellement éteinte.
Photographie en couverture de L'illustration
du 23 février 1924 - ouverture du sarcophage |
Postérité
La mémoire du jeune roi
disparaît rapidement de l'histoire. Horemheb
devenu pharaon remplace son nom sur les monuments, comme pour
montrer qui exerçait réellement le pouvoir.
Les chroniques officielles passent Toutânkhamon
sous silence, comme Akhénaton
et Ay.
Mais en novembre 1922, Howard
Carter découvre l'hypogée de Toutânkhamon
(KV62), quasi-intacte. La trouvaille fait rapidement sensation,
rapportée par la presse internationale.
L'opinion est fascinée
par les quantités d'or retrouvées. Bientôt,
certains journalistes peu scrupuleux inventent l'histoire
d'une malédiction pour augmenter l'aura romantique
de la découverte.
C'est ainsi que Toutânkhamon,
jeune roi peut-être fantôche de la XVIIIe
dynastie, devient plus connu des écoliers modernes
que le grand Ramses
II. Certains Anglo-Saxons l'appellent même
familièrement et anachroniquement « King
Tut »!
A cette fascination s'ajoute l'intérêt
scientifique de disposer d'un mobilier funéraire royal
au complet. En 1967, passion et raison permettent
à Christiane Desroches-Noblecourt
d'organiser l'extraordinaire exposition Toutânkhamon
au Grand Palais. Charles de Gaulle
la visite en compagnie d'André Malraux
et de l'égyptologue. Dans les jours qui suivent, plus
de 1 240 000 visiteurs s'y pressent, inaugurant
l'explosion de la culture de masse en France.
23/10/02 -
28/10/03
Renaud de Spens.
|
Marianne
Eaton-Krauss, Lexikon der Ägyptologie,
812-815.
Claude Vandersleyen, L'Egypte et
la Vallée du Nil, tome 2, Paris 1995, p.
467-478.
Jacobus Van Dijk, "The Amarna
Period and the Later New Kingdom", in Ian Shaw
(ed), The Oxford History of Ancient Egypt, p.
290-292, Oxford 2000, 2002.
Jacobus Van Dijk et Marianne
Eaton-Krauss, "Tutankhamun at Memphis",
MDAIK 42, 1986, p. 35-44.
Nicolas Grimal, Histoire de l'Egypte ancienne,
Paris 1988, p. 317-319.
Claire Lalouette, Thèbes
ou la naissance d'un empire, Paris 1986, p. 547-572.
Toutankhamon et son époque, catalogue
de l'exposition de 1967 au Grand Palais, Paris 1967.
Nicholas Reeves, The Complete Tutankhamun,
Londres 1990.
Marc Gabolde, D'Akhénaton
à Toutankhamon, Lyon 1998.
Marc Gabolde, « La
parenté de Toutânkhamon », BSFE
155, octobre 2002, p. 32-48.
|
|